Le coup de l'élastique
Zambie 1997

Le coup de l'élastique c'est un petit tour de magie qui consiste à enfiler un élastique autour de deux doigts, fermer le poing et faire sauter l'élastique sur les deux autres doigts en ouvrant le poing. Ce petit tour aller être à l'origine d'un grand moment.

C'était une expédition en camion à travers la Zambie. Ce soir là nous nous arrêtons à l'entrée d'un village zoulou nommé "Occupe-toi de tes oignons" (si, si). Ce village est en pleine campagne, bien sûr sans aucun moyen moderne, composé d'une dizaine de huttes traditionnels. Il s'agit d'un vrai village, pas une reconstitution pour touristes. Pendant que nous montons nos tentes les enfants s'approchent et nous regardent un peu comme des bêtes rares.

Je m'amuse à leur demander leur prénom et j'en repère un qui s'appelle Jackson. Jackson Zoulou.Les anglais ont dus passer par là.

Un peu plus tard, il fait nuit noire, nous sommes regroupés autour du feu de camp et tous les enfants, restent à proximité, serrés les uns comme les autres, et épient le moindre de nos gestes.Alors j'appelle Jackson. Il vient vers moi ainsi qu'un adulte (le seul présent) qui devait aussi s'appeler Jackson. Je leur fait  le coup de l'élastique. Et là ils sont réellement ébahis et crient comme si je venais de faire un tour de sorcellerie. Tous les autres gamins s'approchent et je recommence. Et à nouveau les enfants ont une réaction, comme apeurés.

Après quelques démonstrations devant leurs yeux écarquillés, je leur montre le truc et chacun essaie, plus ou moins bien de le reproduire. Une bonne partie de la soirée passe ainsi et je leur distribue des élastiques. Ils continueront entre eux dans un coin. Ceux qui ont compris expliquant aux autres.

Le lendemain matin, au réveil, je m'aperçois qu'ils portent presque tous un élastique en bracelet. Ils me regarde tous bizarrement. Ils partent pour l'ecole. Ils auront de quoi raconter à leur copains des autres villages. Au moins je suis sûr qu'ils se rappelleront de moi.

 

Charge d'éléphant
Manyara, Tanzanie, 1992

Dans toutes les réserves africaines il est interdit de rouler après le coucher du soleil. Soit il faut rejoindre un lodge à l'intérieur, soit il faut sortir. Et nous il fallait qu'on sorte et il commençait à se faire tard, donc on roulait assez vite. Quand, tout à coup, en plein dans un virage, un énorme éléphant est plantait là et   n'a pas l'air de vouloir bouger. Et pas moyen de passer sur les côtés parce que la végétation est trop dense. Donc on s'arrête à quelques mètres.

Quelques minutes passent à se regarder mutuellement. Évidemment, l'éléphant commence à charger et se rapproche secouant oreilles et trompe. Nous on recule. Lui continue à avancer. C'est à ce moment que le chauffeur à fait la preuve de son expérience. Toujours en marche arrière il s'engouffre dans un petit passage, perpendiculaire à la piste, et qui mène dans un petit clairière.

C'est là que l'éléphant va faire l'erreur qui l'a rendu tristement célèbre. Au lieu de prendre le même passage, il coupe à travers les broussailles. On a beau être éléphant, on progresse moins vite dans les broussailles. On en a profité pour repartir en avant, le contourner et se sauver. Mais c'était juste car l'éléphant a eu le temps de se retourner et on est passé près.

Quand j'y repense maintenant, je me demande ce qui se serait passé s'il avait lui aussi pris le petit passage. Je suppose qu'on aurait eu l'air malin à tourner en rond indéfiniment autour d'une clairière avec un éléphant au trousse.

 

Rencontre Masaï
Ngorongoro, Tanzanie 1997

La première fois que je suis allé au cratère du Ngorongoro, en 1992, il n'était pas question de photographier un Masaï. D'abord parce qu'on en voyait pas beaucoup et de toutes façons ils ne voulaient pas parce qu'ils avaient peur qu'on leur vol leur âme.

La situation a bien changé en 1997. Maintenant c'est eux qui viennent vous voir pour les photographier. Mais attention c'est pas gratuit. Ils réclament au moins 10 US$ !!!.

Nous étions arrêté près d'un troupeau quand un Masaï s'approche de moi pour réclamer 10$  parce que j'avais photographié son troupeau. Je lui explique que c'est pas le troupeau que j'ai photographié mais le paysage. Il faut préciser qu'il est immense et qu'un masaï ça ne plaisante pas.

De toute façon je n'avais presque pas d'argent et je n'aime pas trop donner de l'argent pour photographier. Si la personne refuse je ne photographie pas.
Après quelques palabres il laisse tomber la photo "du paysage" et accepte de se faire photographier en échange des quelques pièces que j'avais dans la poche: 1$ environ. Le cours de l'âme venait de prendre un sérieux coup.

   

Tenue de zèbre
Mikumi, Tanzanie, 1997

Si vous avez lu la page du zèbre vous savez maintenant qu'il existe une théorie qui dit que les zébrures du zèbre seraient une sorte de camouflage vis à vis des mouches tsé-tsé.

La réserve de Mikumi en Tanzanie se trouve en zone infestée de mouche tsé-tsé. Après quelques minutes de safari le camion est plein de ces charmantes bêtes. Une sorte de panique de développe, chacun scrutant et chassant nerveusement autour de lui.

Ce jour là j'avais mis ma tenue de zèbre: un T-shirt avec des bandes claires et sombres et je n'ai pas bougé. Aucune mouche n'est venue sur moi ! Coïncidence ou efficacité du camouflage du zèbre ?

Zanzibar's boat peoples
Zanzibar, 1997

On peut aller sur l'île de Zanzibar en prenant un ferry nommé "Flying Horse" à Dar es Salam. Trois heures suffisent pour rejoindre Stonetown la capitale de l'îles. Ce voyage est très agréable et sans problème. C'est pour revenir que ça peut se corser. Surtout quand on décide de prendre le bateau...de nuit.

J'aurais dû me méfier quand on m'a dit que le bateau quittait Zanzibar à 22H et arrivait à Dar à 6h du matin. 8 heures au lieu de 3! Oui, me dit t'on, c'est parce que la douane de Dar es Salam ouvre à 6H. Ha bon, et alors? C'est pas grave, on va se payer une petite traversée nocturne agréable.

En montant dans le bateau, les passagers sont dirigés vers le fond du bateau où on nous distribue des matelas ! Et j'en fait quoi de ce matelas? C'est votre couchette.

Donc, il faut se faire une place, par terre, dans la masse humaine qui se retrouve ainsi entassée, chacun essayant de faire son nid au milieu des corps s'étalant dans tous les sens. Au milieu de l'agitation, je m'endors avant même de départ.

Je me réveil vers 3H du matin, avec une sensation bizarre. Je jette un œil autour de moi et je vois un peu d'agitation : des gens se lèvent précipitamment et piétinent les corps allongés. Et puis je m'aperçois que la nana  qui est à côté de moi (une hollandaise) est assise sur son matelas et a un air curieux. Je m'aperçois aussi que le bateau tangue bizarrement. Alors je comprends que tous ces gens sont malades. Je décide donc  de ne pas bouger et de tout faire pour me rendormir vite avant de participer à cette fête.

"il faut que je dorme, il faut que je dorme...il me faut un sac plastique..."

Hé oui sous le regard compatissant de mon hollandaise mon estomac se rebelle. Suivent 2H30 d'un mal de mer collectif atroce. Impossible de lutter, ça dure une éternité.

Cette fois j'avais vraiment l'impression de me trouver piégé  à fond de cale d'un boat people.

Mais que se passait-il ? L'explication viendra ensuite: Comme à l'aller le bateau met 3H pour faire la traversée. Il a donc dû arriver à Dar es Salam vers une heure du matin. Mais comme la douane n'ouvre qu'a 6H, il a attendu à l'entrée du port. Donc livré à tous les remous de l'océan.!!!!! Si vous y aller, ne prenez pas le bateau de nuit.